Dans le cas d’un stress aigu, la phase de résilience permet le retour d’un état d’équilibre physiologique.
Cependant, si les agents stresseurs sont trop intenses ou si leur action dure, les mécanismes physiologiques sont débordés et le système de régulation du stress se dérègle : c’est le stress chronique.

Ce stress chronique se traduit par des symptômes physiques (maux de tête, troubles digestifs, douleurs …), des symptômes cognitifs et psychologiques (fatigue, anxiété, déprime, troubles de la mémoire) et des symptômes comportementaux (apathie , agressivité, difficultés à gérer ses émotions)

L’expérience de Weiss (1972) a permis de démontrer que le stress chronique avait de réelles répercussions physiques et psychique : des rats sont reliés à un générateur qui leur envoie des courants électriques dans la queue pendant plusieurs jours, de manière aléatoire. Le témoin est relié au générateur mais ne reçoit aucune décharge. Au bout de quelques jours, le témoin ne présente aucun changement mais les autres rats présentent des ulcères à l’estomac et des troubles comportementaux (troubles de l’alimentation).

 

 

 

 

 

TP 14 – Le stress chronique + correction

I- Les modifications physiologiques dues au stress chronique.

A- Une plasticité mal-adaptative entraine une surproduction de cortisol
Le stress chronique entraine une modification de la structure du cerveau, et notamment du système limbique (hippocampe, amygdale, cortex préfrontal …) impliqué dans le contrôle des émotions et de la mémoire : on parle alors de plasticité mal-adaptative.

  • Le volume de l’Hippocampe diminue, ce qui entraine notamment des troubles de la concentration et de la mémoire : les neurones y sont moins ramifiés, il y a moins de division cellulaire permettant de former de nouveaux neurones, et la capacité des neurones à former des synapses diminue.

 

  • L’Hypothalamus est suractivé :
    • Le nombre de synapses entre l’Hippocampe et l’Hypothalamus diminue.
      Or, ce sont des synapses au GABA qui inhibent normalement l’hypothalamus. La diminution du volume de l’Hippocampe entraine alors une suractivation de l’hypothalamus (par diminution de l’inhibition).
    • De plus, les récepteurs au GABA de l’hypothalamus deviennent moins nombreux et moins efficaces, suractivant également l’hypothalamus.
    • Les neurones de l’amygdale sont davantage activés ce qui suractive l’hypothalamus et entraine des troubles du comportement, de l’anxiété …

 Cette suractivation de l’hypothalamus entraine une augmentation permanente de la production de CRH.
L’hypophyse est alors suractivée et augmente sa production d’ACTH, ce qui suractive les corticosurrénales qui augmentent leur production de cortisol de manière permanente.

Le cortisol augmente donc dans le sang de manière permanente, et se fixe sur ses cellules cibles, entrainant les symptômes du stress chronique

B-  Le cortisol aggrave les mal adaptations du système limbique
L’augmentation du taux sanguin de cortisol entraine et aggrave les modifications structurales du cerveau détaillées ci-dessus.
Ainsi, l’augmentation du taux de cortisol aboutit à la surproduction de cortisol : il y a alors mise en place d’une boucle de rétroaction empêchant le corps de revenir à son état initial.

C-     Des modifications structurales de l’hypothalamus inhibent la résilience au stress
Lors du stress chronique, l’expression des récepteurs au cortisol de l’hypothalamus diminue.

Or, ces récepteurs sont impliqués dans la phase de résilience au stress aigu et permettent d’inhiber l’hypothalamus lorsque la concentration de cortisol augmente.
La boucle de contrôle de la phase de résilience est donc également perturbée, empêchant l’organisme de réguler les voies du stress

Schéma des mécanismes physiologiques de mal-adaptation lors d’un stress chronique

 

II- Traitements du stress chronique

A-     Traitements médicamenteux.

Les benzodiazépines sont une famille de molécules utilisées pour lutter contre l’anxiété

Ces molécules se fixent sur les récepteurs au GABA (un neuromédiateur inhibiteur) présents dans les synapses reliant l’Hippocampe et l’hypothalamus.

Les benzodiazépines augmentent l’affinité des récepteurs pour le GABA et augmentent ainsi l’activité inhibitrice de ces récepteurs. L’hypothalamus est donc davantage inhibé par le système limbique, ce qui diminue les effets du stress chronique (cf. schéma précédent)

Plus l’individu absorbe de Benzodiazépines, plus l’hypothalamus redevient sensible au GABA. Ces médicaments peuvent donc provoquer une accoutumance ainsi qu’une addiction.

Ils ont également de nombreux effets secondaires (troubles de l’attention, somnolence …). Leur utilisation doit donc être strictement contrôlée par un médecin, qui pourra juger de la balance bénéfice-risque.

B- Pratiques non médicamenteuses.
Les risques associés aux benzodiazépines étant nombreux, d’autres pratiques visant à favoriser la résilience face aux agents stresseurs peuvent être conseillées : la pratique régulière du sport, la méditation de pleine conscience, le yoga, l’hypnose, les techniques de respirations profondes …

Ces pratiques ont montré dans certains cas une diminution de l’activité de l’amygdale et une diminution de la sécrétion de cortisol diminuant ainsi les effets du stress chronique. Elles constituent donc des alternatives intéressantes et peu risquées à la prise de benzodiazépines et peuvent être utiles pour lutter contre le stress quotidien.

Cependant, les études sur ces pratiques restent aujourd’hui contradictoires et peu étayées, les effets variant d’un individu à l’autre et les preuves physiologiques étant contrastées.
Le choix d’une pratique doit donc se faire en fonction de la personnalité de chacun, des troubles ressentis et sous conseils d’un médecin qui pourra apprécier de la nécessité d’accompagner ces pratiques d’un traitement médicamenteux.

Et toujours merci à @Bio_logique